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de Milord Céton.

tant d’art, soutenues & conduites avec tant de graces, qu’elles méritent d’être admirées.

La manière de former les idées, est ce qui donne un caractère à l’esprit humain. L’esprit qui ne forme ses idées que sur des rapports réels est un esprit solide ; celui qui se contente des rapports apparens est un esprit superficiel ; celui qui voit les rapports tels qu’ils sont, est un esprit juste ; celui qui les apprécie mal, est un esprit faux, & celui qui ne compare point, est un imbécille : ainsi l’aptitude, plus ou moins grande à comparer des idées, & à trouver des rapports, est ce qui fait dans les hommes le plus ou le moins d’esprit.

Le vrai génie est simple, il n’est ni intrigant, ni actif, il ne se compare à personne, toutes ses ressources sont en lui seul, il jouit de lui-même sans s’apprécier. On voit des gens qui par une sorte d’instinct, dont ils ignorent eux-mêmes la cause, décident ce qui se présente à leur esprit, & prennent toujours le bon parti ; ces personnes guidées simplement par le goût, ne jugent que sur leurs lumières naturelles ; leur raison n’est point offusquée par l’amour propre, tout agit de concert entr’eux, tout y est sur un même ton, & cet accord les fait juger sainement des objets, & leur en forme une idée véritable.

Cherchons maintenant, continua ce savant, la cause physique de l’esprit, que je crois qu’on peut