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de Milord Céton.

le caractère, que l’éducation devroit avoir perfectionné. N’êtes-vous pas étonnés que, malgré la différence des sphères habitées par des hommes, dont l’air plus pur, plus fluide ou plus grossier, devroit influer sur l’humeur, vous n’ayez cependant remarqué dans tous ces mondes que le même amour propre qui semble être gravé dans tous les cœurs. C’est cet amour propre qui a toujours suscité des envieux aux hommes illustres en tout genre ; il n’est presque point de mondes où on ne souffre avec regret qu’un homme encore vivant veuille exiger par ses vertus, par son mérite & ses grands talens, une espèce de vénération & de respect qui, en l’élevant au-dessus des autres, semble en même-tems abaisser ceux qui sont forcés d’honorer ses vertus ; c’est ce qui a fait dire à quelques savans que la gloire d’un héros vivant blesse les yeux de ceux qui en sont les témoins, parce qu’elle fait un parallèle trop humiliant de son élévation à leur petitesse.

Lorsque nous fûmes entrés dans le palais, nous remarquâmes un grand concours de gens de l’un & de l’autre sexe qui se rassembloient dans un salon très-spacieux : Monime, curieuse d’en apprendre le sujet, pria Zachiel de nous en instruire. Ne soyez point surprise, dit le génie, de l’empressement de tous ces savans, apprenez que