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de Milord Céton

verger, on y respire un air champêtre qui chassera l’ennui qu’a produit en vous un discours un peu trop élevé ; le ramage des oiseaux, leurs petits gasouillemens rappelleront votre belle humeur. Savez-vous bien, mon cher petit papa, reprit Monime, que vous m’excédez par vos railleries, & qu’il me prend envie de vous quereller, mais très-sérieusement ; depuis quelque tems vous vous faites un jeu de m’en imposer ; car qu’est-ce que ces oiseaux ? Ce ne peut être encore que des savans ; je me rappelle ce que vous m’avez déjà dit de la métamorphose des premiers hommes, qui sûrement sont arrivés ici tout emplumés : n’importe, je veux bien vous suivre ; peut-être n’y entendrai-je plus parler de vos vilaines comètes. Le génie sourit, me fit un coup-d’œil, & nous entrâmes dans le verger.

Le premier objet qui se présenta à nos yeux fut un fameux théologien de l’Église anglicane, qui a fait un traité sur l’enfer qu’il avoit placé dans le soleil. Il faisoit de cet astre le séjour des démons & des méchans condamnés à souffrir d’éternels tourmens. Ce savant avoit sans doute formé son système sur ce que les saintes écritures ont nommé l’enfer la gêne du feu, en le comparant à un lac de feu qui brûle nuit & jour. Monime ne put s’empêcher d’éclater de rire, d’entendre parler d’un système aussi extravagant.

Nous abordâmes ce savant qui paroissoit plongé