afin que nous sachions nous en priver pour les goûter avec plus de vivacité, parce que l’habitude de jouir des plaisirs en énerve l’attrait. N’oubliez donc jamais que la plus sûre méthode pour assurer le règne de la vertu, est de prévenir les occasions du vice.
Ce furent-là les dernières leçons que nous reçûmes du génie, qui disparut à l’instant, sans paroître écouter les tendres témoignages de notre reconnoissance. Nous passâmes plusieurs jours à ne nous entretenir que des bienfaits que nous avions reçus de Zachiel, & des faveurs singulières que ce génie bienfaisant n’avoit cessé de répandre sur nous ; & la reine, pour dissiper nos ennuis, m’engagea à écrire nos singulières aventures : elle y travailla elle-même ; & comme nous jouissions alors d’un calme heureux, elles furent bientôt achevées.
J’ajouterai seulement que peu de tems après le départ du génie, la reine fit assembler son conseil pour délibérer sur les services que j’avois rendus à l’état ; elle déclara ses intentions, & il fut résolu qu’on ne pouvoit mieux les reconnoître qu’en me faisant partager sa couronne, pour affermir leur puissance, au cas que la reine vînt à mourir sans enfans, ce qui pouvoit leur susciter de nouvelles guerres & les entraîner dans de nouveaux périls ;
