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de Milord Céton.

premiers rayons du soleil, au haut d’une colline qui domine sur une plaine qui nous parut couverte de chariots, d’hommes & de chevaux. L’ennemi se disposoit à y former un camp ; tout étoit en mouvement, & l’on entendoit un bruit confus, semblable à celui des flots en courroux, lorsque Neptune excite au fond de ses abymes de noires tempêtes ; c’est ainsi que Mars commence par le bruit des armes & l’appareil frémissant de la guerre, à semer la rage dans le cœur de l’ennemi.

Alors le génie m’ordonna de faire ranger nos troupes en ordre de bataille, puis s’avançant au milieu pour les haranguer, je vis briller sur son front quelque chose de divin ; sa voix me parut avoir la force du tonnerre, ses regards en avoient l’éclat, & le feu qui les animoit passa dans le cœur des officiers, les embrasa d’une ardeur guerrière & y alluma en même tems la soif d’une vengeance légitime. Alors le courage, le zèle & la fureur les portent à l’attaque & les aveuglent sur tous les périls qui peuvent en défendre les approches. Déjà l’on voit s’élever un nuage de poussière : l’horreur, le carnage & l’impitoyable mort sembloient s’avancer à grands pas, lorsque la reine, pénétrée d’épouvante & d’horreur, s’arrêtant tout à coup, s’écria, en élevant ses mains vers le ciel : grand dieu ! Protecteur de tous les humains, soyez