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de Milord Céton.

vos peines, je vous prierois de nous apprendre les aventures qui vous ont conduit dans ce royaume. Elles sont simples, dit mon père, & je puis satisfaire votre curiosité en peu de mots.

Après avoir quitté l’Angleterre, j’ai erré pendant long-tems dans différentes parties du monde, toujours obligé de me déguiser sous des noms empruntés : banni de ma patrie & n’osant y reparoître, j’ai employé tous les moyens imaginables pour retrouver une épouse qui, joint à la tendresse que j’ai toujours conservée pour elle, m’étoit devenue encore plus chère par le précieux dépôt que je lui avois confié : mais toutes les perquisitions que j’ai pu faire ont été vaines. Désespéré de ne pouvoir découvrir aucune de ses traces, ne doutant point qu’on ne m’eût poursuivi jusques dans ma famille, je pensai qu’elle pouvoit s’être embarquée pour vous soustraire à de nouvelles vexations : dans cette idée je me rembarquai, dans le dessein de parcourir différentes parties de l’Asie. J’ai long-tems été le jouet de la fortune ; après avoir essuyé plusieurs tempêtes, le hazard m’a enfin conduit dans ce royaume, où je ne fus pas long-tems sans apprendre la mort funeste du prince George. Je ne vous parlerai point de la douleur que je ressentis à cette nouvelle,