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Voyages

seule à qui ils devoient leurs hommages & leur obéissance.

Cette nouvelle fit un effet surprenant sur l’esprit de ces peuples. Leur tendresse & leur attachement pour la maison de Thaymuras parut reprendre de nouvelles forces. Le génie, profitant adroitement de leur bonne disposition, fit agir si heureusement son pouvoir, qu’il ramena tous les esprits à l’unisson ; semblable à un de ces torrens populaires où les plus indifférens & ceux dont on craint le plus d’opposition sont entraînés par la force du mouvement général, & donnent avec un zèle aveugle dans les sentimens du plus grand nombre ; nous vîmes enfin la furie des grands désarmée, leur esprit partagé entre le désespoir & l’espérance, céder à des révolutions dont ils jugèrent que tous leurs efforts ne pourroient jamais retarder le succès.

Toute la nation fatiguée soupiroit depuis longtems pour le repos ; d’ailleurs le tyran s’étoit livré à de si violens excès, & ces excès avoient produit des scènes si sanglantes, que le souvenir les en faisoit encore frémir d’horreur ; ainsi le tumulte des passions, affoibli par la réflexion, commença à faire place à l’esprit de fidélité, d’amour & d’obéissance pour leur légitime souveraine ; chacun demanda à grands cris la princesse, & l’on n’en-