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de Milord Céton.

la princesse, qui mourut en donnant le jour à Monime, & replongea le prince dans une mélancolie qu’il n’a jamais pu vaincre.

Son désespoir le porta d’abord à bannir tout le monde de sa présence, la lumière du jour sembloit même lui être devenue insupportable ; le seul Erasme qui s’étoit toujours conservé une sorte d’empire sur son esprit, avoit droit d’entrer à tout instant dans le cabinet du prince. Ce tendre gouverneur, sensible a ses chagrins, les partagea long-tems sans entreprendre d’en diminuer la force ; ce fut par ce détour adroit qu’il trouva les moyens d’employer les conseils que lui dicta la raison : mais s’appercevant que rien n’adoucissoit ses maux, il prit le parti de ranimer sa vengeance contre le meurtrier de son père & le destructeur de toute sa famille.

George sortant alors comme d’une espèce de léthargie, parut frappé des discours d’Erasme ; la gloire avoit toujours régné dans son cœur ; ce sentiment joint à celui de la vengeance, loin de s’affoiblir par le tems, n’avoit fait que se fortifier ; c’est pourquoi, la haine & la vengeance se joignant à l’ambition, il pressa Erasme de fondre la plus grande partie de ses effets en argent, & d’employer toutes les ressources imaginables pour équiper une flotte qui pût lui procurer les moyens de ren-