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Voyages

dans la confiance du Roi, ne fit aucune difficulté de s’ouvrir à lui sur la naissance du jeune prince & sur ses infortunes. Céton, l’homme du monde le plus généreux & le plus compatissant, employa d’abord son crédit & celui de ses amis pour tâcher d’engager les pairs dans ses intérêts : mais les troubles de ce royaume augmentant tous les jours, il n’y put réussir ; & pour adoucir en quelque façon les déplaisirs du prince, & lui faire passer plus agréablement le tems qu’il devoit attendre de quelques révolutions favorables à ses vues, il le présenta à Milady sa sœur, veuve du comte de Pimbrok, qui vivoit dans une de ses terres à quelques milles de Londres.

Cette jeune veuve joignoit à d’immenses richesses la beauté, les talens à toutes les graces de la jeunesse, l’on confia à la jeune comtesse la naissance & les infortunes du prince, & elle mit en usage tout ce que la décence put lui permettre de plus séduisant pour le tirer de sa mélancolie. George céda sans beaucoup d’efforts aux charmes de la comtesse ; & Erasme, loin de s’opposer à cet amour naissant, travailla lui-même à en resserrer les nœuds par un mariage qui fut secrètement contracté d’accord avec le lord Céton. Ces deux jeunes époux vécurent quelques années dans une union parfaire, lorsque la mort vint enlever