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de Milord Céton.

à une main qui ne doit sans doute être réservée que pour un souverain ? Oui, adorable Monime, vous méritez à tous égards d’être élevée au plus haut rang ; une ame aussi belle, aussi grande, aussi vertueuse, & dont l’étendue des lumières est sans bornes, doit être faite pour commander à l’univers, Quels sont les peuples heureux qui vont être soumis à vos loix ? Je vous perds, divine Thaymuras ! Hélas ! si mon cœur en murmure, je saurai du moins renfermer dans les bornes du respect & de la soumission un amour que je sens bien qu’il me sera impossible de vaincre. La seule grâce que je vous supplie de m’accorder, comme la plus grande faveur que je puisse recevoir, c’est de me souffrir auprès de vous, de me regarder comme le plus fidelle de vos sujets, celui qui est le plus attaché à votre personne & qui vous sera toujours dévoué jusqu’au tombeau. Fatale ignorance ! ajoutai-je en soupirant, que vous allez coûter cher à mon repos !

Tranquillisez-vous, mon cher Céton, dit Monime, cessez des plaintes & des regrets qui pourroient à la fin m’offenser, si je ne les attribuois à l’émotion où vous êtes ; il est vrai que le rang où le ciel m’a fait naître m’a été développé dès mon entrée au chateau des génies. Cette vive amitié déja formée entre nous lorsque je vous croyois mon frère, s’est changée en un sentiment