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Voyages

dans Venus & dans Mars, loin de l’alarmer, n’a servi qu’à augmenter l’estime qu’elle avoit pour vous ; & la délicatesse de vos sentimens qui s’est développée dans le monde de Jupiter, votre générosité à refuser mille établissemens avantageux, dans la seule crainte de vous éloigner, sont une preuve indubitable de votre attachement à sa personne ; enfin votre amour pour les sciences, votre application à vous instruire dans toutes sortes de talens, ces vertus réunies vous ont acquis des droits si précieux sur le cœur de Monime, que tous les monarques de l’univers ne peuvent jamais vous l’enlever.

Surpris de tout ce que le génie venoit de m’apprendre, je restai quelque tems immobile ; & sans réfléchir à ces dernières paroles, je me précipitai aux pieds de la princesse : Ah ! chère Monime, m’écriai-je, en lui prenant une de ses mains que je baisai respectueusement, vous n’êtes point ma sœur, & je puis à présent vous aimer sans crime. Hélas ! Pourquoi ne m’avoir pas détrompé plutôt ? Que vous m’auriez épargné de combats ! Vous n’ignorez pas ma passion ni les efforts que j’ai toujours faits pour la combattre ; je la croyois criminelle, c’est elle qui va faire désormais le destin de ma vie : mais, que dis-je ? Lorsque le ciel accorde un changement si favorable à ma destinée, faut-il que je renonce à mon amour ? Est-ce à moi de prétendre