Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
de Milord Céton.

Vous êtes surpris, mon cher Céton, & peut-être fâché du mystère que je vous ai fait de la naissance de votre chère Monime. Élevés tous deux dès vos plus jeunes ans par les soins du Kaker qui ignoroit lui-même la naissance de Monime, vous avez toujours vécu dans une union fraternelle qui a entretenu cette tendre amitié que j’ai vu croître avec plaisir. Il est vrai que sous le nom d’amitié il vous est souvent échappé de donner des marques de la plus vive passion, forcé sans cesse de combattre des sentimens que Monime partageoit : mais avec cette différence, que dès son entrée dans le château des génies, elle a été instruite de sa naissance par le premier de sa race ; dès-lors le penchant de son cœur l’eût portée à vous la découvrir, si, forcée de vivre sans cesse avec vous, elle n’eût réprimé ce penchant ; son cœur toujours conduit par la raison, s’est enfin déterminé à vous cacher sa naissance, non pas dans la vue d’éprouver vos sentimens, jamais elle n’en a douté un instant, mais sa délicatesse eût été alarmée, si la connoissance que vous auriez eue de son élévation eût été capable de partager votre cœur entre l’amour & l’ambition ; le mélange de ces deux passions lui auroit été bien plus difficile à démêler, au lieu que l’ignorance où vous avez toujours été sur sa naissance ne lui laisse aucun doute de la pureté de vos sentimens.

Cette passion qui s’est manifestée malgré vous