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Voyages

parce que les cieux qui sont animés ne peuvent se conduire d’eux-mêmes dans un si bel ordre & une cadence aussi bien réglée. Un savant philosophe assure avoir découvert, par les simples lumières naturelles, qu’il y avoit des intelligences motrices, c’est-à-dire, des génies qui doivent n’être occupés qu’à donner le branle aux sphères célestes & les conduire dans leurs courses journalières. On peut donc conclure que la substance des génies est plus spirituelle que les corps les plus subtils & les plus déliés, tels que sont les vents & les tempêtes, qui ont si peu de corps qu’ils en sont invisibles.

Cependant plusieurs philosophes ont avancé que les génies ne pouvoient être autre chose que ces météores qui se forment en l’air ; mais la plus constante opinion est de croire que les génies n’ont point de corps, parce que s’ils en avoient, il faudroit nécessairement qu’ils fussent grands & proportionnés à l’importance de leurs emplois, ce qui ne pourroit être sans faire un bruit considérable dans l’air. Les génies n’ont été créés que pour obéir aux ordres de la divinité ; les uns afin de s’en approcher & de participer à la lumière dont elle est le principe, ce qui fait qu’ils doivent être dégagés de la matière, pour pénétrer, entendre & écouter avec plus de facilité les secrets & les ordres de la divinité : or, comme ce sont eux qui en ap-