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de Milord Céton.

Mon cher Zachiel, poursuivit Monime, accordez-moi une grâce, bornons ici nos voyages. J’y consens, dit le génie : mais avant de retourner dans votre monde, il est nécessaire pour votre bonheur que vous acheviez de visiter celui-ci, afin que vous puissiez l’un & l’autre profiter des bons exemples qui s’y rencontrent. Pourquoi, mon cher Zachiel, dit Monime, voulez-vous nous obliger de retourner dans un monde où nous n’avons éprouvé que des disgrâces ? Ne pouvons-nous pas fixer ici notre séjour ? Avez-vous déjà oublié, dit le génie, que ce n’est que par une grâce singulière que j’ai pu vous conduire dans les différens mondes que vous venez de visiter ; il faut, mes chers enfans, suivre l’ordre de la nature, & achever dans votre monde le tems fixé par les decrets du destin. Les graces que vous avez reçues ne se sont peut-être encore jamais accordées à personne ; ce n’est que pour vous instruire & vous perfectionner que je vous ai fait voir un tableau vivant des différentes passions des hommes & de l’inconséquence de leur conduite, afin de vous faire goûter ce qui est bon, utile & honnête, & vous faire éviter ce qui est mauvais. Le monde de Saturne forme un si grand contraste avec les autres, qu’il semble que les vertus naturelles & la simplicité de ses peuples doivent se rendre maîtres de tous les cœurs, & l’ame qui en est frappée, doit se faire un devoir & même un