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de Milord Céton.

& elle n’est plus remplie que de lieux communs, de propos décousus ; & malgré un tas de frivolités le plaisir s’égare dans les lacunes ; au lieu qu’en composant la société d’amis qui intéressent le cœur, sûr de la discrétion des uns & des autres, c’est alors que l’esprit s’aiguise, que la conversation s’anime, devient intéressante & fait desirer de la recommencer souvent.

Chez ces peuples heureux, fidelles à garder leur parole, une simple promesse vaut un contrat. Peu sensibles à l’éclat des richesses, ils préfèrent toujours dans leur alliance un aimable caractère à une dot considérable ; le mérite, la vertu, la bonne foi, font leurs règles : mais s’il arrive que deux personnes d’un caractère tout-à-fait opposé se trouvent jointes par un mariage que des parens auroient formé sans consulter cette union qui doit faire le lien des ames, la loi leur permet de demander des lettres de divorce qui leur sont rarement refusées, parce qu’ils pensent qu’il y auroit de l’inhumanité de forcer un homme & une femme de vivre ensemble le reste de leur vie, lorsque leurs humeurs sont incompatibles & qu’ils ne pourront jamais s’accorder ; on leur permet de se marier ; alors c’est aux époux à s’assortir, le penchant mutuel doit être leur premier lien, leur cœur leur premier guide ; ce sont-là les droits de la nature que rien ne peut abroger. Pour qu’un mariage soit heureux,