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de Milord Céton.

sités ; & ses peuples qui se trouvent vexés n’adressent plus au ciel que des plaintes & des murmures qui ne font encore qu’aigrir leurs maux.

C’est par cette économie que les coffres de l’état & ceux des citoyens sont également remplis. Le paysan y cultive avec soin ses terres, pour les rendre plus fécondes, sans craindre de nouveaux impôts. Les trésoriers, fidelles à leur prince, ne cherchent point à s’enrichir aux dépens du peuple. Les villes ornées de beaux édifices, ne sont remplies que d’heureux citoyens charmés de les habiter ; d’autres ne se plaisent pas moins à la campagne pour y jouir de l’abondance & de la liberté qui y règnent.

La cour, séjour des grands, offre ce que je n’ai remarqué que dans cette planète, c’est-à-dire, qu’à l’exemple du prince, tous les courtisans y conservent un air de candeur & de vérité ; jamais la basse flatterie n’empoisonne leurs discours ; nullement attirés par l’envie d’y acquérir des titres & des honneurs, qui, comme je l’ai déjà dit, ne s’accordent qu’à la vertu ; un désintéressement à l’épreuve, une probité scrupuleuse, un esprit sage, ferme, profond & éloigné de ce ridicule amour propre qui se croit infaillible dans ses jugemens ; une affabilité qui captive les cœurs, attache & subjugue la confiance de tous ceux qui les approchent ; une générosité éclairée & une noble