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Voyages

malheurs ont renversé la fortune, trouvent dans leur bienveillance des secours d’autant plus précieux, qu’ils sont toujours accompagnés de consolations dictées par la vertu, ils sont bons & humains ; ils aiment ce qui porte l’empreinte de l’honnête & du vrai ; l’agréable ne les éloigne jamais de l’utile, leurs cœurs droits & bien faits ne s’occupent qu’à travailler au bonheur commun, afin de mériter l’estime du sage, en soutenant dignement le titre d’ami de l’humanité, parce que les hommes ne sont estimés qu’à proportion des biens qu’ils font.

Ils sont persuadés que la pauvreté humiliée devient souvent la source des crimes ; c’est, disent-ils, le fruit de la honte qu’elle fait à ceux qui la souffrent. Mille gens endureraient patiemment l’indigence, s’ils n’avoient d’autres peines que celles des privations qu’elle entraîne avec elle ; on ne les verroit point se livrer à des efforts criminels pour se tirer de leur misère, s’ils n’en portoient que la fatigue ; mais accablés par le mépris & la honte, ils n’en peuvent soutenir le poids. Un honnête homme peut faire mauvaise chère, être vêtu simplement, être mal logé, mal chauffé, tous ces désagrémens se peuvent souffrir : mais si son indigence est comme d’une multitude de sots qui ne font consister le mérite que dans le luxe & la dépense, il essuiera bientôt cet humiliant mépris qui