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de Milord Céton.

de rapport à leur métier, se servent eux-mêmes d’instrumens de géométrie pour tracer leurs plans ; on les voit examiner tous les travaux de l’armée, parcourir les lignes, s’avancer dans les tranchées & se trouver aux batteries ; c’est-là ce qui forme de grands généraux.

Dans les tems de paix, de retour dans la capitale, ils visitent les arsenaux, les chantiers, les ateliers, les cabinets curieux, parce que chez ces peuples heureux la guerre n’est qu’une fermentation passagère, & que s’ils se bornoient au seul talent de la faire, ils deviendroient inutiles à l’état ; c’est pourquoi on voit ces mêmes officiers s’appliquer à chercher les moyens d’étendre le commerce, d’établir de nouvelles manufactures, de rendre la terre plus féconde, d’augmenter la population, d’empêcher le luxe & de donner un libre cours à la circulation des espèces, afin qu’elle puisse fournir aux besoins multipliés de l’état.

Jamais on n’y rencontre non plus de ces milords de la finance, qui effacent par leur luxe les plus grands de la cour. On est persuadé, dans cette planète, que les vertus & les talens sont aussi utiles à l’état que les armes ; les négociations & l’administration du trésor public sont leurs plus sérieuses occupations ; modérés dans leurs plaisirs, ils ne prodiguent leurs biens qu’en faveur des pauvres, afin d’alléger le poids de leurs travaux, ceux dont les