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Voyages

noblesse ancienne étouffer celle qui ne s’acquiert que par le mérite ; faite pour représenter la vertu dans tout son lustre, elle n’est, dit un de leurs savans, ni la décoration du vice, ni le titre de l’indolence, ni le piedeslal de l’orgueil ; contens de mériter des éloges, ce n’est point par de basses intrigues qu’ils cherchent à obtenir des dignités ; sans faste dans leurs actions, sans hauteur & sans vanité dans leurs discours, ils laissent à la renommée le soin de les faire valoir.

Cette cour semble être le séjour de la liberté ; on n’y respire point cet air d’esclavage qui se fait sentir dans les autres mondes ; on n’y est point vexé par des tyrans. Les grands de l’empire joignent à la douceur de leurs mœurs cette tendre bienveillance qui fait le charme de la société. Jamais chez eux l’intérêt ne balance l’honneur ; le plaisir qu’on reçoit de la tendresse & de la bonté, est le plus doux des sentimens ; lorsque le cœur en est capable, comment peut-il se livrer à d’autres ?

Lorsque les officiers sont commandés pour se mettre à la tête d’une armée, on ne les voit point entraîner avec eux le luxe qui se pratique dans bien des mondes, où la table, le jeu, les spectacles & les assemblées remplissent tout leur tems ; ceux-ci occupés sur des plans & des cartes topographiques, ou étudiant des livres qui ont le plus