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Voyages

qu’aux moindres racines du vice ; qu’elle lave & nettoye l’ame pour la rendre digne de celui qui l’a formée ; elle opère enfin ce que l’amour de la gloire, la vanité ni le desir des louanges ne sauroient seuls produire : ce n’est que la philosophie qui peut faire des hommes parfaits ; mais toi qui n’as peut-être été guidé que par l’ambition d’être admiré des foibles mortels, tu n’as pu, conséquemment, élever ton esprit que jusqu’à un certain degré qui ne sauroit jamais détruire les foiblesses de l’humanité, parce que tes préjugés ou tes passions ont offusqué ta raison & l’ont nécessairement empêchée d’agir librement. Après cette petite leçon c’est à toi d’examiner si ton ame est actuellement à ce degré de perfection qu’exige la vraie philosophie, sur-tout après les disparates que tu viens de nous montrer.

Avicene parut terrassé de ce reproche, qui servit néanmoins à le rendre beaucoup plus tranquille ; mais confus de l’avoir mérité par son emportement, il nous quitta sans oser proférer une seule parole, & nous le vîmes prendre la route de la forêt. La dispute ainsi terminée, tout le monde disparut ; Paracelse seul resta avec nous.

Je serois bien curieuse, dit Monime à ce philosophe, d’être instruite par vous-même des lumières que vous avez acquises sur la connoissance des génies. Je consens, répliqua Paracelse, de