Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
de Milord Céton.

qu’ils deviendront, & à quoi ils emploieront leur journée, au lieu que dans le laborieux villageois tout réveille en lui la sensibilité de son cœur, l’univers entier ne lui offre que des sujets d’attendrissement & de gratitude, par-tout il apperçoit la main bienfaisante de la nature, il recueille ses dons dans les productions de la terre, il voit sa table couverte par ses soins, il s’endort sous sa protection, il tient d’elle son paisible réveil, ses leçons se font sentir dans les disgraces & ses faveurs dans les plaisirs ; les biens dont il jouit, & tout ce qui lui est cher, sont autant de nouveaux hommages qu’il rend à la nature ; si le dieu de l’univers échappe à ses foibles yeux, il voit & adore par-tout le père commun des hommes, en honorant ainsi ses bienfaits suprêmes ; n’est-ce pas servir autant qu’on le peut l’Être infini ?

Après avoir pris congé de nos aimables veuves, le génie nous conduisit au palais de la Nature, où l’empereur fait sa résidence ordinaire. Dans ce palais est un sallon qui l’emporte par sa grandeur & par sa régularité sur tout ce que j’ai jamais vu ; c’est dans ce sallon que l’Empereur rend la justice à tous ses sujets ; un trône est élevé au milieu, & de chaque côté sont des sièges destinés pour ceux que leur mérite a conduits à des dignités qui les rendent dignes de les occuper. Je crus, en ad-