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de milord Céton.

répondre à mes invocations : j’ai donc employé les plus vives conjurations sur Radiel, Caracaza, Amady & plusieurs autres que vous connoissez ; tous ces génies, obéissant au nom de la première lumière, nous ont transportés dans la sphère du soleil. À peine ces esprits se sont-ils éloignés, que nous nous sommes trouvés en bute aux railleries d’un peuple qui, sans doute, ne fait consister la science qu’à douter des évènemens les plus naturels ; car enfin, ces gens que vous voyez, qui se sont rassemblés autour de nous, poussent leur incrédulité jusqu’à nous disputer notre existence, & ils ont encore l’audace de nous soutenir que depuis long-tems nos fioles de bon-sens sont tombées de l’arbre auquel elles étoient attachées. A-t-on jamais pu imaginer de pareilles absurdités, poursuivit Avicène ? Ce philosophe ne se possédoit plus ; animé par la colère, ses veines étoient gonflées, son visage enflammé & les yeux en feu ; à peine pouvoit-il articuler quelques mots, lorsqu’une des femmes qui étoient présentes le fit d’abord rentrer en lui-même & rougir en même-tems de sa foiblesse par ce peu de mots :

Si tu étois, lui dit cette femme, ce que tu t’efforces en vain de vouloir nous persuader, tu saurois mieux modérer tes passions. Apprends que la véritable philosophie est si pure, qu’elle arrache jus-