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Voyages

tâchons de le faire ressembler à son père, dont l’esprit étoit si parfait, qu’il transformoit pour ainsi dire celui des autres en lui même ; on ne pouvoit le connoître sans s’efforcer de l’imiter ; ses lumières étoient si sublimes qu’elles pénétroient tous ceux qui l’entouroient : toutes ses vertus réunies doivent être un nouveau motif de consolation pour nous, puisqu’elles nous assurent que la divinité toujours équitable dans ses jugemens a reçu votre époux dans son sein, & qu’il y jouit de la gloire promise à tous ceux qui sont fidelles à ses loix. Cléontine parut goûter ces consolations ; l’amour qu’elle avoit pour son fils, fit naître en elle le desir de le voir un jour digne successeur des vertus de son père.

Je ne passois pas un jour sans voir Cléontine : sa douleur se dissipant peu-à-peu, & le tems de son deuil expiré, elle reparut dans le monde avec plus d’éclat ; plusieurs amans se déclarèrent, mais Cléontine leur annonça la résolution qu’elle avoit prise de renoncer pour toute sa vie à de nouveaux engagemens.

Obligée de faire un voyage avec ma mère, qui nous retint plus d’une année éloignées de mon amie, j’avois souvent de ses nouvelles, par lesquelles elle ne cessoit de nous donner des preuves de sa tendresse & pressoit toujours notre retour. Flattée de son empressement, j’engageai ma mère à terminer ses affaires. De retour, mon premier