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de Milord Céton.

accablé de peines, il prit néanmoins assez de force sur son esprit pour en cacher la plus grande partie ; il employa tout ce que l’éloquence naturelle a de plus consolant, pour adoucir les ennuis de sa fille.

Ses soins ont réussi ; la douceur de son caractère, sa tendresse filiale, sa piété envers la divinité qui n’a rien d’affecté, lui ont enfin procuré un peu plus de tranquillité ; tant il est vrai que la vertu écarte tous les chagrins, elle remplit notre ame d’une douceur intérieure qui fait le charme de notre être, elle épure aussi nos plaisirs en nous les rendant plus sensibles par le charme qu’elle y met.

Cléonbule toujours tendre, attentif & complaisant, dit un jour à sa fille qu’elle ne devoit plus s’occuper qu’à faire naître dans le cœur de son fils toutes les vertus qui ornoient celui de son époux, en lui inspirant cette énergie de sentiment qui caractérise les ames nobles ; il faut, ma chère fille, en lui donnant le goût des sciences & l’amour du travail, mettre de l’économie dans ses études, ne point charger sa mémoire de mille choses inutiles qui paroissent accabler le jugement sous le poids d’une fatigante érudition qui n’éclaire ni l’esprit ni le cœur, éviter toute prévention pour aucun système particulier, c’est à la raison à l’éclairer, lorsqu’il en sera tems, sur le choix, qu’il doit faire ;