Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
Voyages

la raison fera sur elle ce que l’amour a coutume d’opérer sur d’autres. Ce discours me fit rougir, & après avoir remercié Cléonbule des sentimens avantageux que je crus n’être dictés que par l’amitié qu’il avoit pour sa fille, j’embrassai mon amie les larmes aux yeux en lui souhaitant un heureux voyage.

De retour au logis je me retirai dans mon appartement, ma mère vint m’y joindre. Cette tendre mère, aussi sensible que moi au départ de mon amie, ne trouva d’autre consolation que celle de se prêter à ma douleur, & de combattre avec douceur les raisons que je croyois avoir de m’affliger ; elle joignit à ses discours des leçons utiles pour me former un nouveau plan de vie, dont la simplicité devoit être la base & faire mon bonheur. J’écoutai avidement ses leçons, elles passoient dans mon ame comme un ruisseau d’eau pure qui coule entre des fleurs & sert à les rafraîchir. Ce fut ainsi que ses admirables conseils servirent à me tranquilliser.