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de Milord Céton.

notre ancienne amitié ; & quoique je n’osasse lui montrer tout le chagrin que je ressentois d’un voyage qui alloit mettre une si grande distance entre nous, cependant la douleur s’exprimoit si parfaitement dans mes yeux, que Cléontine en fut touchée, son cœur partagé entre l’amour & l’amitié, lui fit alors envisager ce voyage & les honneurs qui l’attendoient, avec une sorte d’inquiétude qui mit du trouble dans son esprit ; nos discours devinrent sérieux, notre séparation en faisoit le sujet.

Cléonbule, présent à cet entretien, s’efforça en vain d’y répandre plus de gaieté : d’où vient ce trouble, mes chers enfans ? Vous devez tout espérer du tems ; peut-être serez-vous bientôt réunis pour ne vous plus séparer. Les tems changent & les événemens sont soumis à leurs vicissitudes ; un nuage peut obscurcir le soleil, mais il n’interrompt jamais son cours. Ne peut-il pas arriver que l’aimable Floride trouve dans peu un établissement digne d’elle, qui, en vous rapprochant l’une de l’autre, resserre encore les nœuds de cette amitié qui vous lie depuis l’âge le plus tendre ? Je suis persuadé que Floride est assez raisonnable pour préférer dans une union, celui qui mettra son bonheur à la rendre heureuse ; je ne présume pas qu’aucun objet soit encore parvenu à subjuguer son jeune cœur, ainsi il y a tout lieu de croire que