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Voyages

aimable fille ne s’opposoit point à son bonheur, & ils revinrent ensemble, pour faire les préparatifs de cette union qui fut terminée en peu de jours.

Tout sembloit annoncer à ces jeunes époux un bonheur sans fin : mais en est-il sur lequel on puisse compter ? Tout ici bas est fragile. Nous formons sans cesse les plans d’une félicité durable, tous nos desseins sont vains, l’édifice avance insensiblement ; notre cœur frémir de joie en observant ses progrès ; déjà il touche au point de perfection qu’il a en vue, lorsque tout à coup l’ouragan s’élève, renverse l’édifice & détruit dans un instant les plus belles espérances.

Une année à peine écoulée dans le charme dune union parfaite, le ciel avoit béni cette union par la naissance d’un fils qui devoit faire les délices de cette aimable famille, lorsque Clitandre fut nommé au gouvernement de la province de Gronor ; son mérite, ses grands talens & son intégrité lui acquirent cette places sans l’avoir sollicitée. Clitandre voulant marquer son obéissance aux ordres de l’empereur, se disposa à partir, sans attendre son épouse que Cléonbule devoit conduire, ne pouvant se résoudre à se séparer de sa fille.

Cléontine me fit part de cette heureuse nouvelle ; mais loin de pouvoir partager sa joie, j’en fus sensiblement affligée ; je craignois que le tems & l’éloignement ne lui fissent perdre le souvenir de