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de Milord Céton.

qui s’appelle beauté de l’art, sa politesse étoit une suite naturelle du desir qu’il avoit d’obliger, sa générosité lui inspiroit un soin paternel pour tous ceux que la providence avoit mis sous sa protection ; il joignoit à ces rares qualités l’attachement le plus vif & la fidélité la plus inébranlable pour son souverain : enfin Cléonbule a toujours été le meilleur des pères, le plus tendre des époux, complaisant, rempli d’égards & ami chaud que rien n’a jamais rebuté. Je me suis un peu écartée pour rendre cette justice à la mémoire d’un homme qui me sera toujours cher.

Ce fut dans ces heureuses circonstances que ma mère me retira du temple de Cybèle. Mon premier soin fut d’aller visiter Cléontine qui me fit connoître par mille tendres caresses la joie qu’elle avoit de mon retour ; tous mes plaisirs se trouvèrent dès lors réunis dans sa société. Quoique la maison de Cléontine fût le rendez-vous de tout ce qu’il y avoit de mieux dans la ville, cependant je ne tardai pas à m’apercevoir de la préférence qu’elle donnoit à Clitandre ; elle m’en parloit toujours avec éloge. J’avoue qu’il avoit fait aussi une vive impression sur mon cœur ; les graces d’une physionomie ouverte, mâle & animée, la vivacité de son esprit que l’éducation avoit orné de mille talens, une ame noble, libérale, bienfaisance, sincère & ennemie de la dissimulation, mettoient au