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de Milord Céton.

la fit sortir du temple quelques années avant qu’on songeât à m’en retirer ; cet intervalle nous éloigna, sans altérer nos sentimens. Il n’est pas difficile d’imaginer, à la vue des charmes de Cleontine, qu’elle ne fut pas long-tems sans s’attirer les vœux & les hommages de la plus brillante jeunesse & des plus riches partis de la ville. Cleonbule qui n’aspiroit qu’à jouir du plaisir de voir sa fille bien établie, lui annonça un jour qu’il étoit tems de se fixer, qu’il ne la vouloit point gêner & la laissoit maîtresse de faire un choix : je ne cherche, ajouta Cléonbule, qu’à rendre, s’il est possible, votre félicité parfaite : peu sensible à l’éclat des richesses, ni à celui des grandeurs, je préférerai toujours la vertu, le mérite, les talens & la bonne-foi, au vain éclat des honneurs ; je vous avertis seulement que vous ne devez envisager dans l’union que vous allez contracter, que des plaisirs purs, qui ne doivent tirer leur source que dans le mélange des ames qui reçoivent leur perfection d’une confiance & d’une complaisance mutuelles ; c’est à vous de choisir un homme dont la probité & les mœurs puissent contribuer à vous rendre heureuse. Cléontine, pénétrée des bontés & de la tendresse d’un père qu’elle chérissoit plus que sa vie, l’assura en le remerciant, que sa volonté feroit toujours la règle & le mobile de toutes ses actions.

Depuis cette conversation Cléonbule craignant