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de Milord Céton.

les attraits de la beauté qui les charme ; ils reconnoissent avec plaisir les endroits où ils ont malicieusement fait rougir la jeune bergère. Là ce sont des troupeaux qui bondissent sur l’herbe tendre ; par-tout on croit voir la nature se renouveler, & l’on diroit qu’elle semble prendre plaisir à se mettre en opposition avec elle-même, tant on la trouve différente sous divers aspects.

Monime interrompit mes réflexions pour me faire admirer la beauté des chemins qui conduisent dans la ville capitale de l’Abadie. Ces chemins sont ferrés, larges, commodes, & bordés d’arbres utiles. Arrivés dans cette ville, Zachiel, nous conduisit chez deux jeunes veuves qui demeuroient ensemble & vivoient dans une union parfaite. Ces deux aimables personnes s’empressèrent à nous procurer toutes les commodités de la vie. Nous trouvâmes dans cette agréable maison une liaison sûre & solide, une familiarité pleine de douceur, une conversation toujours censée, & toujours satisfaisante. Nous n’avions point encore rencontré en personne une politesse plus franche & plus naturelle, sans artifice & sans finesse, tâchant de plaire, mais avec une délicatesse éloignée de toute espèce d’adulation. Floride & Cléontine ne connoissent point d’autre art de gagner les cœurs & de se concilier les esprits. Elles eurent la com-