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Voyages

accidens auxquels le corps est sujet, plus par mollesse d’éducation que de tempérament. Il est certain que la nature a construit tous les êtres pour vivre dans le fluide qui les environne ; c’est une sottise de les en retirer par des précautions dont on peut éviter la nécessité.

Vous devez remarquer, poursuivit Zachiel, que dans cette planète on suit presque toujours l’impulsion simple de la nature, le mensonge y est en horreur & puni sévérement, & vous devez déjà vous être apperçu que leur jugement brut est supérieur à la politique des autres mondes : on rencontre toujours dans leur conduite le modèle d’une félicité parfaite ; éloignés d’imiter les habitans des mondes que nous venons de quitter, qui ne s’attachent qu’à défigurer la nature en voulant la réformer. Qu’en est-il arrivé ? Ils ont travesti les sentimens d’humanité qu’elle nous inspire, & donné, par un rafinement étranger à la simplicité de ses principes, l’entrée à tous les vices capables de troubler, corrompre & deshonorer l’état de société.

Ici les peuples sont naturellement graves, mais cette gravité est sans mélancolie, sans être privée de cette aimable gaieté qui n’est point incompatible avec la raison ; paisibles sans indolence, la vivacité de leurs desirs perd cette pointe aiguë, &