CHAPITRE II.
Mœurs des Habitans.
Ce n’est que dans ce monde charmant où l’art
simple se prête avec docilité à seconder les agréables
caprices de la nature ; jamais on ne les voit,
comme dans les autres mondes, se révolter contre
elle, ni regarder ses productions comme une matière
servile, pour les plier à des formes bisarres
& grotesques. Un mur de noisetiers forme des
haies qui entourent leurs jardins, des berceaux de
vigne leur servent de terrasses, & les garantissent
des rayons du soleil.
En admirant toutes ces beautés de la nature, je crus être dans la jeunesse du monde, c’est-à-dire, lorsque les hommes n’étoient point encore corrompus, & lorsque les premiers germes des arts naissoient de la nature ou des besoins peu nombreux de l’innocence. Cette magnificence des campagnes, ces cabanes entourées d’animaux de toutes espèces, que l’appât de leur nourriture attire ; les oiseaux qui habitent auprès, sous d’épais feuillages, égayent par leurs chants mélodieux ces lieux champêtres.