Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
Voyages

côté, de douces colombes se promènent sur le gazon, en redressant leur col émaillé de mille couleurs. Ces jardins sont remplis d’arbres fruitiers qui attirent les oiseaux qui s’appellent par leurs chants mélodieux, sans craindre aucun piège pour leur liberté. Là sont rangées plusieurs ruches dont les abeilles, sans cesse occupées du soin de leur république, semblent par leur travail servir d’exemple aux habitans de ces lieux. Ces abeilles se fixent ordinairement dans les endroits où règne la paix & le repos ; les prairies émaillées de fleurs les attirent ; c’est-là qu’elles prennent gaiement leur essor, qu’elles choisissent & rassemblent leurs provisions, pour en grossir à leur retour le trésor de leur république, dont tous les membres concourent avec un égal empressement au bien commun ; jamais il ne se trouve aucun citoyen oisif ; on les voit voltiger de fleurs en fleurs, & dans le cours de leurs recherches, plonger leur petite tête velue dans le calice des fleurs épanouies, ou s’ensevelir toutes entières entre les pétales qui ne s’ouvrent point encore, pour en tirer le suc qu’elles déposent dans un endroit séparé. Plus loin est la basse-cour, où différens animaux viennent en foule demander d’un air caressant la nourriture qu’on se fait un plaisir de leur distribuer.

Vous voyez, nous dit Zachiel, que le bonheur ne se rencontre pas toujours dans le vain & incom-