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de Milord Céton.

regards ; on voit encore mille petits vermisseaux aîlés se poursuivre sur l’herbe : tantôt l’œil les perd dans l’ombre verdâtre ; & tantôt on les voit en foule s’agiter aux rayons du soleil, ou s’envoler par légions, & faire dans les airs mille évolutions brillantes ; d’autres, que les jeux tumultueux & folâtres des zéphirs précipitent l’un sur l’autre à trayers le gazon, semblables aux flots qu’un souffle léger chasse devant lui sur la surface des eaux, les tiges ondoyantes se courbent en murmurant, & le petit peuple chamaré dont elles sont l’asyle, s’envole & contemple avec effroi, du milieu des airs, tous ces mouvemens.

Après avoir parcouru de vastes campagnes, le génie, pour nous faire prendre un peu de repos, nous fit loger chez un vieillard, qui nous reçut avec ce zèle hospitalier qui fait le charme de l’union, & qui semble, pour ainsi dire, rendre les biens communs. Cet aimable vieillard vivoit avec une nombreuse famille qui trouvoit son plaisir dans le travail & son bonheur dans la médiocrité, regardant le superflu comme un fardeau pénible qui ne sert qu’à corrompre les mœurs ; ces enfans aiment la vie sans craindre la mort ; jamais ils ne se sont laissés éblouir par l’ambition : tranquilles sur l’avenir, ils ne songent qu’à goûter le présent ; leur vie coule dans une paix inaltérable ; ils ne reconnoissent d’autres loix que celles que leur impose