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Voyages

ses aîles d’un rouge éclatant le suc des fleurs qu’il a ramassé sur cette prairie que vous voyez parée des plus belles couleurs, & qui semble être bercée par le zéphir. Remarquez cette noire forêt de sapins, dont les tiges rougeâtres s’élancent comme des flèches à travers des arbres épais. Voyez ce fleuve majestueux & rapide sortir du sein d’une montagne grisâtre, & rouler à grand bruit ses flots argentés, & ses foibles ruisseaux qui s’échappent en murmurant sous l’herbe touffue, dont les fleurs azurêes s’élèvent au-dessus de leur surface ; leurs ondes amoncelées autour de leur tige tremblante, y forment de petits anneaux étincelans, & ces fleurs semblent s’incliner à l’envi, comme pour embrasser leur cours ; leurs eaux limpides coulent sous leurs voûtes émaillées & brillent de la réflexion que forment leurs couleurs.

Plus loin Monime apperçoit une grande plaine, elle admire cette riche variété dans les nuances de sa verdure éclairée par le soleil ; on y voit des touffes de plantes déliées étendre entre le gason leurs tendres rameaux & leurs feuillages diversifiés ; on voit la violette, symbole du vrai sage, qui reste humblement confondue avec les plantes les plus communes, & répand autour d’elle ses plus doux parfums, tandis que des fleurs sans odeur portent au-dessus des gazons leurs têtes altières, & cherchent fastueusement à s’attirer nos