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Voyages

Zachiel nous fit d’abord prendre un chemin qui nous conduisit à des paysages charmans ; tantôt je voyois un laboureur qui sembloit donner la dernière façon aux champs, dont la culture ne me paroissoit encore qu’ébauchée, tantôt j’entendois la voix d’une bergere laborieuse qui cherchoit à charmer la durée de son travail par des chansons ; ici des faucheurs reprenoient haleine en aiguisant le tranchant de leurs faux ; là des bergers assis dans un vallon se racontoient leurs amoureuses aventures ; d’un autre côté un vaste paysage offroit successivement à mes regards mille nouveaux objets : j’admirois des plaines immenses chargées d’épis, précieux dons de Cerès ; je voyois des terres où erroient des troupeaux, la plupart étoient confiés à la garde des chiens, tandis que les bergères, parées de leurs atours champêtres, dansoient un peu plus loin au son des musettes, pour célébrer le plaisir que leur promettoit une abondante récolte. À voir la joie qui règne parmi eux, on diroit que Zéphir & Flore se sont joints à leurs jeux innocens. Plus loin, on voyoit des montagnes stériles, sur la cime desquelles les nues semblent se reposer ; au bas, de longues prairies émaillées de fleurs & arrosées de rivières ; d’un autre côté, des bosquets formés par la nature ; ces bosquets étoient entourés de vieux chênes qu’on croyoit que la serpe n’avoit épargnés que