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de milord Céton.

que nous avons quitté ces mondes ils ont changé de méthode ; sans doute que l’esprit de vertige a succédé au bon-sens & à la raison.

Le génie sourit &, sans lui répondre, il nous conduisit dans des sentiers détournés, où toutes les fioles de bon-sens brilloient comme des escarboucles, c’est-à-dire, qu’elles étoient toutes vides, & celles de l’esprit à moitié pleines. Je suis presque sûr, dis-je à Zachiel, que les propriétaires de ces fioles ne brillent que médiocrement dans leur sphère. Vous vous trompez, dit le génie, puisqu’elles appartiennent à de véritables philosophes, tous personnages d’un esprit juste, profond & éclairé dans toutes sortes de sciences ; il est vrai que la plupart vivent dans l’indigence, sans néanmoins se trouver plus malheureux, parce que le sage ne se plaint jamais de son infortune, le simple nécessaire suffit à tous ses besoins.

Ces sentiers nous conduisirent dans l’allée de Saturne : presque toutes les fioles en étoient vides ; elles ressembloient à des perles qui éblouissoient par l’éclat de leur blancheur. Ceci nous annonce, dit Monime, un monde rempli de candeur, de raison & de bonne foi. Votre réflexion est juste, dit le génie, c’est dans Saturne où vous trouverez l’enfance du monde, cet âge d’or, cette probité des anciens patriarches, cette bonne foi si vantée.

B iv