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de Milord Céton.

que je lui présentai, j’ai des secrets à vous confier, qui concernent le bonheur ou le malheur de mes jours, & peut-être des vôtres. Nardillac s’éloigna dans l’instant sans me donner le tems de répondre. Je sortis peu de tems après pour me rendre chez Monime que je trouvai parée d’une robe que l’empereur lui avoit envoyée la veille. Cette robe étoit d’un satin bleu brodé en diamans, qui ressembloit, aux lumières, à un ciel parsemé d’étoiles.

J’attends l’empereur, dit Monime ; vous me voyez toujours parée de ses nouveaux bienfaits. Il ne peut, lui dis-je, en gratifier personne qui le mérite autant que vous : si je n’étais sûr que les richesses & les grandeurs sont de foibles attraits pour une ame noble, j’aurois tout lieu de m’alarmer des pièges qu’on s’efforce de tendre à la vertu : mais vous n’ignorez pas, chère Monime, que l’opulence est l’idole de l’insensé, & fait souvent l’embarras du sage ; il est vrai que si elle ne détruit pas tout-à-fait la vertu, elle l’affoiblit au moins & en émousse, pour ainsi dire, la pointe : mais je me flatte que pénétrée des principes que vous avez reçus du génie, vous ne courez aucun risque, & qu’il nous tirera l’un & l’autre du labyrinthe où nous nous sommes, je crois, un peu trop enfoncés.

Quoique vos réflexions soient très-judicieuses ; reprit Monime en souriant, je les trouve néan-