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de Milord Céton.

pour régner sur tous les mortels, ne peut être touchée des grandeurs ni des richesses ; daignez au moins accepter l’hommage que je rends à vos charmes, & accordez, s’il se peut, à mes desirs quelque lueur d’espérance. Mon cher Zachiel, continua l’empereur, ce sera de vous que je tiendrai tout mon bonheur, si vous engagez la princesse de rester à ma cour ; faites que je puisse avoir le plaisir de lui jurer sans cesse que je l’adore ; ce n’est qu’à cette condition que je veux pardonner à Céton.

Je ne m’opposerai jamais, dit le génie, aux volontés de votre majesté lorsqu’elle n’en fera paroitre que de raisonnables ; mais vous oubliez sans doute qu’il n’est pas en votre pouvoir de séparer deux cœurs que le véritable amour a unis pour jamais ; permettez aussi que j’ajoute qu’il n’est pas de la dignité d’un grand monarque de se livrer avec autant de véhémence à ses passions. Ah ! laissons-là ma grandeur, dit l’empereur, ne voyez-vous pas que celui qui possède le cœur de la princesse est mille fois plus heureux que moi ; s’il ne jouit pas de tous les honneurs qui m’environnent, il en est bien dédommagé par la certitude où il est d’être aimé. Pour moi, malgré ma puissance, je n’ai jamais goûté ce plaisir dans toute sa pureté. Ce qui trouble presque toujours le bonheur des