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Voyages

& ma gloire ; un troisième encore plus fort, est l’obligation indispensable où je suis de ne pouvoir passer ma vie à votre cour. Avant d’être présentée à votre majesté, j’aimois, seigneur, & je pouvois m’assurer d’être aimée. Élevée par les soins du génie, il connoît mon cœur & les obligations où je suis de m’unir à la personne qui m’est destinée, & tous les bienfaits dont vous m’avez comblée ne peuvent jamais m’autoriser à lui manquer de foi : mais, seigneur, si la reconnoissance la plus vive, la vénération la plus sincère, & si, je l’ose dire, l’amitié la plus tendre, peuvent encore vous être agréables, je m’en retournerai avec la flatteuse idée d’avoir du moins mérité votre estime par la pureté de mes sentimens. Je n’ignore pas que c’est une témérité de ma part d’oser prendre le titre d’amie ; cependant, seigneur, ce titre me sera mille fois plus précieux que tous les honneurs & les richesses dont vous m’avez comblée par vos bontés ; votre estime & votre amitié sont les seuls trésors que j’ambitionne ; si vos sentimens ne peuvent s’accorder avec les miens, souffrez, seigneur, que je me retire dans l’instant.

Vous me désespérez, reprit l’empereur d’un ton pénétré ; pourquoi vous refuser à ma tendresse ? Ah ! vous l’augmentez par la noblesse de vos sentimens. Est-il possible, divine princesse, que mon amour ne puisse vous toucher ? Votre ame, faite