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de milord Céton.

vous cacher mes sentimens ; cette tendresse qui est autorisée par le sang, vous donne le droit de lire dans mon ame : je ne puis à présent vous en dire davantage, le génie vous instruira un jour du choix qu’il a fait pour assurer mon bonheur. Allez, milord, avertissez Zachiel des inquiétudes où je suis ; allez le presser de venir m’en tirer. En disant ces dernières paroles, Monime me tendit la main ; je la saisis dans les miennes & ne pus m’empêcher d’y appliquer un baiser, lorsque l’Empereur rentra & nous surprit.

L’agitation dans laquelle ce prince étoit sorti ne lui permit pas de s’appliquer à aucune affaire, ne pouvant supporter l’indifférence de Monime ni vivre sans la voir ; il venoit sans doute dans l’intention de lui faire des reproches.

Rien ne peut peindre la surprise & l’étonnement de ce monarque ; nous demeurâmes tous trois immobiles pendant un instant : mais l’empereur, animé de la plus furieuse colère, se livra à son premier mouvement ; déjà il tenoit un poignard dont il alloit indubitablement me percer le cœur, si le génie qui survint dans le moment ne m’eût soustrait à sa vengeance, en me métamorphosant en papillon. Le prince qui me vit disparoître crut que je m’étois dérobé pour prendre la fuite, & donna ordre de me faire arrêter.

Monime, interdite & tremblante, osoit à peine