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Voyages

la renommée, toute favorable qu’elle vous a toujours été, n’a encore rien dit qui ne soit au-dessous de la vérité.

Je vous aurois interrompu dit l’empereur, si je ne trouvois de la gloire à m’entendre louer par une aussi belle bouche que la vôtre. Est-il possible, divine Thaymuras, qu’avec des sentimens qui me sont si favorables, vous vous plaisiez à me rendre malheureux ? Pourquoi feindre d’ignorer la vivacité de mes feux ? Apprenez donc, mon bel astre, que toutes les grandeurs qui m’environnent, ces trésors immenses, ces honneurs que je puis dispenser à mon gré, tout me devient insipide, tout m’ennuie, tout m’est à charge, dès qu’avec eux je ne puis toucher votre cœur ; ce n’est que de lui seul que je veux tenir le comble de ma félicité. Mais, que vois-je ! dès que je vous parle de mon amour, vous reprenez un air froid & sérieux qui m’intimide & me désespère. Qu’y a-t-il donc dans ma personne qui puisse vous inspirer tant d’éloignement ? Vous baissez les yeux & ne répondez rien. Au nom des dieux, divine Thaymuras, apprenez-moi ce que je dois craindre ou espérer. Ah ! vous soupirez & détournez la vue ; parlez, je vous en conjure, c’est trop souffrir, je veux enfin savoir mon sort, je ne puis plus vivre dans cette cruelle incertitude.

Votre auguste majesté, répondit Monime, sans presque oser regarder l’empereur, oublie sans doute