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Voyages

& qui sont extrêmement fatigans ; vous savez vous-même que je n’ai rien de fort curieux à leur apprendre. Depuis que nous ne nous sommes rencontrés, j’ai été appelé dans différens mondes, dont les uns n’étalent que des monstres ou des créatures hideuses, réduites à un instinct plus grossier que celui des animaux ; d’autres ne renferment que des habitans en qui la figure humaine est presque méconnoissable, qui ne cultivent point leurs terres ; ils ne se nourrissent que de leur chasse, & poussent souvent la barbarie jusqu’à se manger eux-mêmes, lorsqu’ils sont en guerre. Ces peuples feroient horreur à la charmante Thaymuras, ils ne méritent pas qu’elle prenne la peine de les chercher. Il est vrai qu’il y en a qui méritent d’être visités ; mais comme elle n’est point immortelle, & qu’elle ne peut passer sa vie à voyager, je lui conseille de se borner aux seules planètes, où l’on trouve assez de variétés pour pouvoir satisfaite pleinement sa curiosité.

Le monde que je quitte, poursuivit Samaël, & celui où j’ai resté le plus long-tems, est actuellement un des mieux policés, par les ’soins que je me suis donnés à leur former des sujets capables de les gouverner : mais je n’ai pu les guérir de leurs superstitions, ni de cet amas de mœurs, de loix, de coutumes, de goûts & de systêmes qui s’y trouvent épars. Chez ces peuples, chacun pense