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Voyages

Lorsque nous fûmes au bas de la montagne ; nous apperçûmes une grande forêt que le génie assura renfermer tout ce que la nature a de plus précieux. Les arbres de cette forêt sont d’une espèce singulière ; les troncs en sont d’or, les rameaux : d’argent & les feuilles d’émeraudes, qui, de dessus l’éclatante verdure de leur superficie, réprésentent comme dans un miroir les images des fruits qui y pendent, & qui n’empruntent rien de leur beauté aux feuilles, puisque ce sont autant de fioles qui renferment l’esprit & le bon-sens de tous les humains. Chaque personne, à l’instant de sa naissance, a deux fioles pour partage ; dans l’une est renfermé son esprit, & dans l’autre son bon-sens : les noms des personnes sont gravés sur le verre. Remarquez, nous dit le génie, en nous faisant examiner ces fioles, que la nature toujours judicieuse dans la distribution qu’elle fait de ses dons, ne favorise jamais personne au préjudice d’un autre. Tous les hommes naissent dans une égalité parfaite ; l’éducation corrompt ou perfectionne ses bienfaits. Si cela est, lui dis-je, pourquoi ces fioles ne sont-elles pas également remplies ? C’est, reprit le génie, par le mauvais usage que les hommes font des graces qu’ils ont reçues de la nature. Vous avez dû remarquer dans les différens mondes que nous venons de visiter, que le bon-sens & la raison en sont presque bannis. Par-tout on court après l’es-