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Voyages

prendre lecture de ce billet ? C’est pousser la plaisanterie un peu loin, repris-je, car je vous proteste qu’il ne m’appartient point, & que ceux que vous avez quelquefois la bonté de m’écrire me sont trop précieux pour me mettre au risque de les perdre : ainsi vous pouvez faire de celui-ci l’usage que vous jugerez à propos, je n’y prends aucun intérêt. Je suis curieuse, dit Monime, de voir ce qu’il contient ; elle l’ouvrit & lut ce peu de mots.

EST-IL possible, Milord, que vous ne puissiez comprendre le langage des yeux ? On a un intérêt sensible de connoître l’état de votre cœur, oseroit-on se flatter que dans une cour aussi galante, aucun objet n’ait encore pu vous toucher ? Trouvez-vous demain à onze heures du matin à l’entrée du labyrinthe, c’est-là qu’on veut vous instruire d’un mystère qui ne peut être confié qu’à vous-même.

Ce billet eut de quoi me surprendre. Eh bien ! continua Monime, qui s’apperçut de mon embarras : qu’avez-vous, Milord, à répondre à de si vives attaques ? Pas un mot, repris-je, je ne sais qui m’a adressé ce billet, mais je vous jure que je n’ai nulle envie de me rendre à l’assignation. Prenez garde à ce que vous allez faire, dit Monime, vous ne connoissez pas le caractère de la belle qui