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de milord Céton.

quittai après cette explication, beaucoup plus tranquille que je n’étois.

Le lendemain je me trouvai à la toilette de Monime ; que de graces touchantes l’accompagnoient ! que je la trouvai belle dans ce négligé ! Parée de ses simples attraits, je crus voir en elle la charmante Euphrosine, aimable habitante du ciel & compagne de Venus. Hélas ! me dis-je intérieurement, pourquoi m’est-il défendu d’aimer ce que j’adore ?

Approchez, milord, me dit-elle avec un souris enchanteur, j’ai une furieuse querelle à vous faire sur votre peu de confiance ; je crois vous avoir donné assez de témoignage de la mienne pour être autorisée à me plaindre du mystère que vous me faites des tendres sentimens que vous avez inspirés a la belle de Nardillac ; ce n’est plus un secret, toute la cour s’apperçoit de la préférence qu’elle vous donne, convenez qu’elle est charmante & remplie d’esprit ; si vous avez assez de force pour résister à ses charmes, l’on doit regarder votre cœur comme insensible aux traits de l’amour. Un cœur qui n’est dévoué qu’à vous plaire, repris-je sur le même ton, devient insensible pour tout autre objet. Cela est très-galant, dit Monime en riant ; mais ce billet, qui ne peut être adressé qu’à vous, ne pourroit-il point vous faire changer de langage ? Peut-on, milord, sans indiscrétion,