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Voyages

toit malgré moi. Monime s’en apperçut ; me regarda, me tendit la main & soupira aussi.

J’avoue, mon cher milord, dit Monime, que les marques de bienveillance que je reçois tous les jours de ce Prince auroient de quoi vous alarmer, si vous pouviez douter de la pureté de mes sentimens ; je crains néanmoins que vous n’imputiez à un esprit de coquetterie l’obligation indispensable où je me trouve de paroître flattée de ses assiduités & de ses galanteries : il est vrai que je ne puis plus douter de l’amour de ce monarque ; cet amour éclate par mille bienfaits & par des fêtes galantes qui se succèdent sans interruption, avec autant de magnificence, de somptuosité, que de goût dans la distribution qu’il en fait. Cependant si je croyois que la complaisance qui me force à me prêter à tous ses amusemens, pût faire naître quelques soupçons sur ma conduite, je prierois le génie de me dérober à ses poursuites. Des sentimens si nobles, si généreux & si délicats ne peuvent jamais m’inspirer aucun soupçon, repris-je ; au surplus, je n’ai sur vous que les droits que peut avoir un frère : unis par le sang & l’amitié, votre condescendance pour mes volontés ne peut être qu’un effet des tendres sentimens que la nature nous inspire, & tout ce que je puis desirer de plus avantageux pour ma satisfaction, est que vous me les conserviez. Je la