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de milord Céton.

je laisse un moment cette belle, pour retourner à Monime.

Un jour l’empereur vint passer tout l’après midi avec Monime ; comme il n’admit personne à cette conversation, je ne pus résister aux vives inquiétudes qui m’agitèrent, & j’attendis avec beaucoup d’impatience qu’il fût sorti, pour en faire part à Monime ; ce n’étoit point jalousie, c’étoit un sentiment plus doux & plus délicat que je ne puis définir ; il est vrai que je craignois l’amour de ce monarque, mais j’avois en même-tems trop bonne opinion de la vertu de Monime pour m’alarmer de ce long tête-à-tête, & la candeur de son ame me répondoit de sa conduite.

Lorsque le prince fut sorti j’entrai aussi-tôt dans le cabinet de Monime. Personne n’ignore, belle Thaymuras, lui dis-je en l’abordant d’un air inquiet, l’amour que l’empereur a pour vous ; toute la cour admire à présent le changement de son humeur & paroît surprise de sa constance ; pour moi qui rends à votre mérite & à vos charmes toute la justice qui leur est due, je n’en suis point étonné ; je sais que le ciel vous a fait naître pour assujettir tous les cœurs, sans doute que ce monarque ne vous a entretenue si long-tems seule aujourd’hui que pour vous déclarer la passion qu’il ressent pour vous. Je ne pus m’empêcher de soupirer ; j’aurois voulu cacher l’émotion qui m’agi-