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de milord Céton.

maîtres qui s’y rendoient, non-seulement pour faire leur cour à l’empereur, mais encore par vanité, afin de se donner la réputation d’être des parties du prince, & par conséquent très-bien en cour. Souvent il est arrivé que les appartemens de Monime se trouvoient remplis de quantité de personnes dont elle ne connoissoit ni la figure, ni le nom, ni la qualité.

Parmi le nombre des dames qui venoient chez Monime, j’en remarquai une qui affectoit toujours de se placer auprès de moi & de me parler d’un air mystérieux ; c’étoit souvent des riens qu’elle me disoit à l’oreille, mais c’étoit avec un ton si mielleux, qu’elle sembloit vouloir ne parler qu’au cœur. J’avoue que je ne compris pas d’abord quelles étoient ses vues ; peu versé dans l’art de la galanterie, d’ailleurs, très-dépourvu d’amour propre, je fus le dernier à m’apercevoir des coups d’œil agaçans qu’un petit maître n’eût pas manqué de mettre à profit. Pour moi, je le dis peut-être à ma honte, toutes ses avances furent en pure perte, mon cœur entièrement livré à la tendre amitié, j’aurois cru faire un crime de galantiser une femme pour laquelle je ne sentois rien. Je suis sûr que les personnes qui s’apperçurent des avances qu’on me faisoit, me regardèrent comme un sot ; mais j’ai toujours pensé que la candeur & la bonne-foi doivent régner dans toutes nos actions.