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de milord Céton.

ne pus résister à l’envie d’en goûter l’eau dans sa source ; à peine en eus-je avalé quelques gouttes, que je me sentis animé d’un feu divin ; il me prit une espèce d’enthousiasme qui, en élevant mon ame, répandit dans mon esprit ce charme & ce brillant de la poésie ; à l’instant je composai une élégie des plus tendres, que j’adressai aux muses, qui me firent la grace de l’approuver.

Nous reprîmes le chemin qui conduit au palais d’Apollon. Ce monarque, par considération pour le génie, nous fit l’honneur de nous admettre à sa table : nous y fûmes régalés de l’odeur des parfums les plus exquis ; l’encens fume de toutes parts ; c’est la seule nourriture qu’on peut prendre dans ce monde : cependant cette nourriture, quoiqu’extrêmement légère, ne laisse pas de fortifier ; il est certain qu’elle ne charge point l’estomac, aussi les habitans de ce globe ne meurent jamais d’indigestion : c’est pourquoi la plupart des médecins ne s’occupent qu’à composer des livres qui puissent servir utilement dans les autres mondes.

Le génie voulut bien nous permettre de passer plusieurs semaines à la cour d’Apollon. Pendant ce court espace, les neuf Sœurs, toujours soumises aux volontés de ce Prince, se firent un plaisir de nous instruire, & de joindre à leurs instructions mille nouvelles fêtes, qui, quoiqu’elles ne